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L’histoire d’un préposé aux soins des patients : plus d’une décennie d’aide aux personnes atteintes d’alcoolisme

Il y a beaucoup d’activités à The Oaks. Les gens vont et viennent, passant de la rue par le comptoir d’accueil à la salle principale. Dans les salles communes et à l’extérieur, les gens s’assoient, la plupart du temps seuls. Où qu’on aille, une odeur forte d’alcool flotte dans l’air.

Pour un programme de gestion de l’alcool, c’est normal. Après tout, les travailleurs donnent 7 onces d’alcool aux résidents le matin et 5 onces chaque heure par la suite. Il n’y a aucun signe d’ivresse le matin, mais il y en a le soir, explique Courtney McIntosh, préposé aux soins des patients de Carefor. « Ils ont bu toute la journée. Chaque gorgée les rattrape. »

Courtney est préposé aux soins des patients à The Oaks sur le chemin Merivale depuis près de 11 ans. Comme son titre l’indique, son rôle est de prendre soin des résidents de The Oaks. « Nous nous occupons de la vie quotidienne active des clients, précise Courtney. Médicaments, douche, aide aux repas, prise de rendez-vous, lessive, et j’en passe. Nous faisons tout. »

Christal Brownlee, gestionnaire de programme pour Les Bergers de l’espoir, explique davantage le rôle des préposés aux soins des patients : « Ils apportent leur soutien dans tous les domaines, de la gestion du comportement à l’aide aux repas, en répondant aux besoins individuels que les patients ne reconnaissent peut-être pas. »

The Oaks est exploité par Les Bergers de l’espoir, mais ce qui s’y déroule est le fruit d’un partenariat entre Carefor, qui fournit les préposés aux soins des patients; Ottawa Inner City Health, qui offre un soutien infirmier; et Les Bergers de l’espoir, qui fournissent du personnel pour gérer le bâtiment au quotidien, ce qui comprend la préparation des repas et la distribution de boissons aux résidents. Le bâtiment abrite jusqu’à 60 personnes qui luttent contre l’alcoolisme et souvent contre des problèmes de santé mentale.

De plus, le personnel doit de plus en plus gérer le vieillissement de la population et tous les problèmes qui en découlent, notamment les troubles physiques et mentaux importants comme la démence. « C’est une maison de retraite pour les personnes aux prises avec de véritables difficultés personnelles », avance Kaelen Bray, directrice des soins aux patients pour les Services de soutien à la personne et Ottawa Inner City Health.

« Elles sont peut-être des locataires, mais nous leur proposons des services complets [de l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM)] si nous le pouvons et si elles en ont besoin, déclare Christal. Il peut s’agir de choses simples comme se mettre en danger ou ne pas manger. Nous relevons ces situations afin de pouvoir contacter l’ACSM et, idéalement, les travailleurs externes et faire appel à leur aide. »

Comme le suggère le nom « programme de gestion de l’alcool », The Oaks suit un modèle de réduction des méfaits dans lequel du soutien et un logement sont offerts pour aider à atténuer les risques de l’alcoolisme pour les résidents. « Nous essayons de garder les résidents avec nous aussi longtemps que possible, affirme Christal. Pour plusieurs d’entre eux, c’est leur chez-moi. Nous allons au-devant des gens, là où ils sont rendus. Nous faisons très attention à la stigmatisation qui entoure nos clients. Nous ne voulons pas qu’ils se sentent déplacés. Nous ne voulons pas qu’ils se sentent mal accueillis. Certains d’entre eux sont ici depuis la conception du programme (14 ans). Les gens restent ici aussi longtemps qu’il le faut. »

Il n’y a pas qu’un chemin qui mène à The Oaks. Chaque personne qui y vit a sa propre histoire. Kevin Nyembo, superviseur de Carefor et Ottawa Inner City Health, explique que même si ce sont des problèmes de santé mentale qui ont mené de nombreux résidents à The Oaks, les traumatismes pèsent également dans la balance. « Certains de nos résidents sont d’anciens membres de la GRC et de l’armée », raconte Kevin.

On peut voir chez les résidents de The Oaks les conséquences des difficultés qu’ils ont vécues. Il est 8 h 45 du matin. Certains vont au jardin du stationnement arrière pour fumer une cigarette qu’ils viennent de rouler, d’autres restent à l’intérieur et s’assoient. Le prochain verre sera servi dans 15 minutes.

Même si la plupart des gens aiment rester seuls, il règne un sentiment d’unité dans la lutte pour aujourd’hui et demain. Il n’y a aucune pression ni attente, simplement des gens qui traversent les épreuves ensemble. Le personnel offre du soutien, de la stabilité et un endroit sûr dans un monde pas tout à fait sûr. À l’aube de sa 11e année au programme, Courtney sait que ce qu’il fait compte. « C’est la satisfaction de savoir qu’on fait quelque chose pour une personne, souligne-t-il. On rentre chez soi en sachant qu’on a changé la donne. »

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